PREFACE de : Id yukin (les nuits volubiles)

 

 

            C’est l’aventure d’une âme dans les vastes étendues de l’existence. Les poèmes de Ahcène Mariche sont des regards explorateurs d’un monde , parfois, non encore découvert où le poète, en cherchant le beau, rencontre  plus de vérité que le philosophe. Les nuits, pour lui, ne sont pas noires empêchant les yeux de voir. Bien au contraire, les étoiles ne sont jamais rien que des phares qui l’appellent vers des sentiers infinis.

            La poésie de Ahcène Mariche est une quête, une exploration d’univers sans frontières. Lui, il va, guidé par une inspiration surgissant dans tous les recoins temporels, dans des zones encore inconnues de son âme et bien entendu de celles des siens. Depuis des siècles, Saint Valentin est resté silencieux mais, notre poète a su capté son cri. La célébration de l’amour, dans un poème qu’il a consacré à ce saint de l’amour en est une première dans la poésie kabyle. Elevant ce sentiment au plus haut rang, Ahcène, dans ces vers, nous confie qu’il peut égaler la vie ; serait-il la vie en elle-même ?

            Je m’en fous de l’océan déchaîné

            Ni du feu qui s’allume à volonté

            Car la mort n’a qu’un seul visage

            Celle que j’aime où la trouver ?

            Si vous dites qu’elle est dedans enfermée

            Je foncerai la sauver sans ambages

            Mon cœur et moi, nous irons sans détours

            Lui briser toutes les chaînes qui l’entourent

            Pour enfin la délivrer des rouages

            Ebahie par ce qu’elle voit, l’âme de Ahcène s’interroge : « dis-moi?, quel sens?, où es-tu donc?, que m’est-il arrivé? ». Elle veut continuer sa quête, son chemin ; elle veut comprendre. Ce désir de voir clair, se veut aussi une libération des prisons linguistiques car en effet tout le long de notre lecture nous ressentons une lutte secrète entre l’infini du sentiment et l’horizon de la langue.  Son recueil qui clos sur la quête de la vérité nous invite à suivre ses traces.

            La vérité est pareille à l’eau de roche

            Se frayant un chemin sous la pierre serrée

            Même après des années pleines d’encoches

            Elle ne sera  point altérée

            Elle brillera pareille à des étoiles clairsemées

            Attendue tel un jour à célébrer

            A la fin de notre lecture, nous avons la sensation que notre regard s’illumine. La lumière ne naît guère uniquement des aurores mais plus forte est celle qui succède, dans nos âmes, aux crépuscules. Les poèmes de notre jeune poète sont d’abord les témoins de nuits passées sous l’émerveillement des étoiles à chercher la vérité des choses. Arriveras-tu ?, oserions intimement lui demander. 

                                                                                                          Kamel Naït Ameur

        



21/09/2009
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